Par Claude Nadeau,
mardi 10 octobre 2017 à 10:52 ::Musique sacrée
Je reviens de jouer aux obsèques de l'épouse d'un ami sonneur de bombarde. C'est lors de ces moments que je me sens le plus utile, que ça sonne le plus juste, que je me sens vraiment à ma place : j'ai reçu la musique pour la redonner, et ce don je le mets à la disposition de mes semblables pour rythmer les grands passages de leurs vies : naissances, unions, et le grand saut vers l'inconnu, l'éternité peut-être, à moins qu'elle ne soit déjà commencée. Dans ces moments, on sait ce qu'on fait, et pourquoi on est là. A aucun autre moment je ne me sens plus légitime.
Et pourtant, tant d'obsèques se déroulent sans musique! (NB amis organistes québécois : en France, l'orgue n'est pas "inclus" à l'église, il faut se débrouiller et venir avec son propre organiste, et comme la plupart des gens ne connaissent pas d'organiste... Paris, Lyon et la plupart des cathédrales faisant toutefois exception, mais c'est minoritaire au regard de la majorité des paroisses) La plupart des obsèques se déroulent donc sans musique, avec un brave chantre qui fait son possible ou un célébrant qui chante seul, ou pire encore avec un CD. Pourtant il existe des musiciens liturgiques, formés, compétents, disponibles. Mais les freins sont clairs: ce n'est pas qu'il n'y a pas d'organistes. Il y en a. C'est d'une part qu'il faut accepter que c'est un travail, et comme le dit la Bible, "tout travail mérite salaire"; ensuite, il serait bon de réfléchir à fédérer les musiciens qualifiés et disponibles (on s'appuie pour le moment sur les réseaux personnels, untel qui connaît untel, il n'existe aucun listing), et enfin (surtout?) il faut remettre au coeur de l'Eglise les textes qui affirment la place de l'orgue dans la liturgie. Pas le djembé, pas la guitare, pas le cd. L'orgue, comme premier instrument liturgique. Je ne l'invente pas, je ne prêche pas pour ma paroisse, c'est dans les textes.
Il y a du boulot! là où j'ai joué aujourd'hui (pas ma paroisse), j'ai été accueillie par le curé qui s'est empressé de me dire que l'orgue n'était "que" l'un des éléments, facultatifs, de la liturgie (se réfugiant derrière l'argument: oui mais c'est le Christ le plus important... et fin de la discussion...) Quand j'entends cela, je suis triste, et je me demande : oui mais nous qui avons reçu ce don, puis qui nous sommes formés, pendant 10 ans, 20 ans, en musique, en liturgie, en théologie même parfois, on fait quoi maintenant?
Enfin bon, entre dans la Lumière, chère M...; quant à moi j'éprouve de la gratitude d'avoir pu accompagner ces obsèques avec trois des meilleurs sonneurs de Bretagne, qui ont, eux aussi, donné une musique priante, intense, belle, pleinement à sa place dans cette liturgie. Dans le dernier verset d'Ar Baradoz, avec l'orgue en tutti et les bombardes qui chacune improvisait une 2e voix, je n'étais pas la seule à avoir les larmes aux yeux. Ce n'est pas au Stade de France, ce n'est pas au Quartz, ni au Moustoir que ce genre de moment a lieu. C'était dans une humble église de Bretagne, aujourd'hui.
Par Claude Nadeau,
mardi 10 octobre 2017 à 10:47 ::Musique sacrée
Le 10 septembre 2017 s'est tenu à Carnac le Pardon de la St Cornély!
Patron de la paroisse de Carnac, saint Cornély est le plus connu des saints bretons protecteurs du bétail, et notamment des bêtes à cornes. C’est pourquoi tous les ans lors du pardon, les éleveurs amènent leurs animaux pour les faire bénir, et profiter en famille de tout ce qui caractérise nos pardons de Bretagne : procession avec les bannières, musique, et convivialité.
La journée a débuté à 11h par la messe solennelle en l’église Saint Cornély, avec chants, cantiques en breton, bombarde et orgue, et s'est poursuivie sur le parvis avec sonneurs, danse, et apéro. Puis, à 15h, a débuté la procession, suivie de la bénédiction des bêtes.
Evel just hor yezh en deus bet e blas b’ar gouel, hag hon eus c’hoant bras da « advrezhonekaat » ar Pardon-mañ en ur implijout tud ha bugale ar vro!
Bien sûr, le breton a eua toute sa place dans la fête, et nous souhaitons impliquer tout particulièrement les bretonnants, grands et petits, dans les prochaines éditions du pardon!
N’eus ket deus ur plantenn hep roudou, ha n’eus ket deus Breizh hep e sevenadur. Deomp-ni da c’hoari bremañ evit kenderc’hel gant an hengoun vev : kontañ a reomp warnoc’h -hag o chatal!- evit lidañ Sant Korneli war an ton bras e devezh ar Pardon !
Il n’y a pas de plantes sans racines, et pas de Bretagne sans sa culture. A nous de jouer pour garder vivante la tradition : nous comptons sur vous -et sur vos animaux!- pour célébrer Saint Cornely avec une belle fête pour le pardon dans les années à venir!
Par Claude Nadeau,
lundi 4 février 2008 à 20:26 ::Vannes - Gwened
"Claveciniste de renom, Claude Nadeau, 32 ans, a posé ses valises à Vannes. Elle a carte blanche pour remuer le milieu culturel vannetais. Quitte à user d'un style atypique.
par Donovan POTIN - photo : Romain JOLY
Claude Nadeau, 32 ans, toutes ses dents... mais peut-être pas toute sa tête. Certains pourraient le penser. Cette claveciniste de renommée internationale dépote, défrise, déride, voire même dérange selon les goûts et les couleurs. Elle ne passe jamais inaperçue. (...) Un peu barrée, tendance musique baroque, ascendant rock star, le regard surligné d'un élégant petit chapeau brun, un sourire malin aux lèvres, Claude Nadeau a hâte de triturer la culture vannetaise et mettre les mains dans le cambouis."
"Un seul mot suffit pour traverser le Japon : "Aligator grosse limace", ça veut dire Merci de tout coeur."
Joann Sfeir, auteur du "Chat du rabbin", dans "Missionnaire"