Claude Nadeau, musique classique - clavecin, orgue... musique baroque

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lundi 24 septembre 2007

Le Reine-Claude

Je fais beaucoup de clavecin actuellement. J'y reviens comme on revient toujours à son premier amour, et parfois il nous faut plusieurs heures pour nous réhabituer l'un à l'autre. Parfois le "Reine-Claude" ne sonne pas, comme s'il m'en voulait de l'avoir délaissé pendant plusieurs jours il me prive de ses meilleurs fruits, et il me faut le jouer longtemps, patiemment, doucement, pour qu'il daigne me prodiguer, comme un immense cadeau, ses châtoyantes sonorités sous mes caresses.

Le "Reine-Claude"? Il a déjà sa légende, car les plus beaux opus de Marc Ducornet ont un nom, comme les Stradivarius. Ce nom doit à la fois aux caractéristiques physiques de l'instrument et à la fois au claveciniste qui l'a inauguré ou qui le possède (comme on possède une femme - moi par exemple je possède le Reine-Claude, vraiment). Ainsi il y a, dans la galaxie des plus beaux Ducornet, le "Verlaine", inauguré par Blandine Verlet ; il y a aussi "Pinnocchio", le grand amour de ma vie (que je finirai bien par acquérir, bon Dieu! mais il vaut son pesant d'or...), inauguré par Trevor Pinnock, et quelques autres encore qui méritent qu'on les appelle par leur nom.

Lorsque j'ai enfin pu m'acheter mon instrument de travail, celui qui jusqu'à présent s'appelait le "52 notes" a été baptisé. Il est né en 1977 non pas du travail des excellents artisans que compte aujourd'hui l'atelier, mais des mains même du maître. Il a été inauguré, m'apprend l'excellent Jean Bascou (également facteur de clavecins, à Simiane) à l'Abbaye de Fontevraud par un certain William Christie. Il a fait plusieurs fois le tour du monde, ayant été utilisé à leurs débuts par les Arts Florissants et le même Bill Christie. Il a pas mal bourlingué avec moi aussi pour mes concerts un peu partout, sa dernière grande sortie était pour deux concerts en Bretagne : à Carhaix et à l'auditorium des Carmes à Vannes. Heureusement, il n'est pas très lourd et se déplace relativement facilement... car, eh oui, c'est moi qui le porte... Même si je dis souvent qu'on reconnaît mes vrais amis au fait qu'ils aient déjà porté le clavecin! Le portage du clavecin est une épreuve initiatique...

Pourquoi lorsque je l'ai acquis l'avoir baptisé le "Reine-Claude"? En obéissant aux règles des noms des clavecins Ducornet : d'abord la caractéristique physique de l'instrument, sa couleur qui rappelle celle de la prune de ce nom, son style qui le rend particulièrement propre à la musique de la Renaissance (la reine Claude était l'épouse de François 1er). Mais aussi à cause du prénom de sa propriétaire (et de ses allures royales, confieront ceux qui la connaissent), et parce que la reine Claude était la fille d'Anne de Bretagne.

Actuellement sur le pupitre, je travaille justement la musique de compositeurs bretons du XVIIIe siècle, la Fantaisie chromatique de Bach (quelle musique psychédélique!), le concerto pour clavecin en sol mineur toujours de Bach, des tangos de Piazzola et Take Five de Dave Brubeck. J'ai plein de projets, si vous saviez, mais pour le moment je suis encore sous le sceau du secret. De grandes choses se préparent! Ah si, j'allais oublier que j'improvise tous les jours sur un thème, comme un mantra ou une prière, et que tout cela se cristallisera sûrement bientôt en "paraphrase", comme ma "paraphrase sur le cantique Ar Baradoz" que certains d'entre vous connaissent déjà : ce thème que je peins quotidiennement et amoureusement au clavecin, c'est la gwerz bretonne "An hini a garan". Breizh Touch oblige!

dimanche 16 septembre 2007

Journées du Patrimoine

Vous pourrez encore nous entendre aujourd'hui dans le Marais à Paris à l'occasion des Journées du Patrimoine : l'association Paris Historique organise une petite fête médiévale au pied de la muraille de Philippe-Auguste, les anciennes fortifications de Paris. Hier nous avons ainsi pu côtoyer fauconniers, maîtres-d'armes (clin d'oeil à nos nouveaux amis de l'association Les lames du Marais), brodeuse, apothicaire et autres chevaliers grandeur nature, dans une ambiance tout à fait joyeuse! Merci aux danseurs qui ont honoré nos bransles de leurs pas... Nous avons même eu droit à la visite et aux compliments de l'Adjointe au Maire de Paris en charge du Patrimoine, Mme Moïra Guilmart.

Vous pourrez nous réentendre aujourd'hui dimanche, entre 13h et 17h, face au Lycée Charlemagne, derrière l'église St-Paul, métro Saint Paul le Marais. Qu'on se le dise, braves gens!

cliquez sur les miniatures pour agrandir:

dimanche 9 septembre 2007

Mariage d'Aurélie et Cédric au Château de Montmuran (Ille-et-Vilaine)

J'ai joué ce week-end pour mes 16e, 17e et 18e mariages de l'année : meilleurs voeux aux jeunes mariés!

Ci-dessus, les photos du mariage d'Aurélie et Cédric, au très beau château de Montmuran, entre Rennes et Dinan. La célébration religieuse a eu lieu à l'église des Iffs, et le thème médiéval fut l'occasion d'entonner du chant grégorien (le Salve Regina sur le ton solennel), un Cantiga de Santa Maria d'Alphonse le Sage et le sublime "O coruscans" d'Hildegarde von Bingen. Sacrée femme que Sainte Hildegarde, docteure en médecine, docteure en théologie, mère abbesse d'un monastère d'hommes, compositrice de musique et d'opéras sacrés, il faut lire sa biographie par Régine Pernoud. Chanter la musique de l'auteure des "Chants de l'extase" dans un lieu de prière aussi beau que celui-là vous remue jusqu'aux tréfonds de l'être.

La soirée s'est poursuivie entre chansons à boire et autres facéties, avec l'agneau à la broche et moulte bombance et ripaille! Merci à Antoinette Galon pour les superbes photos ci-dessus, ainsi que pour le chaleureux accueil au gîte La Pélerinière, à Saint Pern, une bonne adresse en Bretagne!

samedi 8 septembre 2007

Oui, Pavarotti méritait des funérailles nationales

Un article du quotidien 20 minutes sur les obsèques de Pavarotti nous décrit la célébration comme "digne de funérailles nationales" : présence de chef d'Etat, ballet aérien des avions de l'armée qui ont dessiné les couleurs de l'Italie... Déjà j'en entends penser : n'est-ce pas un peu trop pour un chanteur? Et surtout un chanteur lyrique qui s'est invité dans le star-système et qui a flirté avec la pop, siffleront certains...

"Quand Mozart est venu au monde, c'est au monde entier qu'il est venu", écrivait Sacha Guitry entre deux propos misogynes. Combien de personnes n'auraient jamais écouté d'opéra si Pavarotti n'était pas venu vers eux avec ses "amis", que ce soit les "trois ténors" ou les chanteurs de variété avec qui il a osé construire des ponts musicaux? C'est au monde entier que Pavarotti a donné sa voix, ce sont des millions de personnes qui ont ressenti une émotion en l'écoutant, un jour ou l'autre. Et parmi celles-là, la plupart d'entre elles n'avaient jamais mis les pieds dans un opéra.

Qui se souvient du nom des ministres des finances de l'Autriche ou même de l'empereur à l'époque de Mozart? Qui peut nommer l'un des présidents de l'Italie à l'époque de Caruso? Se souviendrait-on autant des Borgia ou de François 1er s'ils n'avaient pas été de grands mécènes qui ont vécu entourés d'artistes? Qu'est-ce que la politique ou la finance comparées à la musique?

Nous devrions être les héros de cette société. Nous, musiciens. Nous, artistes. Chaque jour nous polissons notre art, consciencieusement et sans relâche, pour donner au public un instant d'émotion, un instant de beauté, un instant d'amour, les seules choses qui restent quand on fait le compte de sa vie.

Nous travaillons comme des dingues pour préparer des concerts que nous offrons dans les églises et où le public, qui s'étonne que le concert ne soit pas gratuit, laisse une aumône de pièces jaunes dans le panier à la sortie. Un musicien classique a autant d'années d'études derrière lui qu'un chirurgien cardiaque ; et pourtant il faut nous battre avec les organisateurs de spectacles, les mairies, les centres culturels, pour décrocher un cachet de 150€ pour un concert qui nous a coûté 45h de répétitions (non rémunérées bien sûr), et encore c'est un bon cachet, qu'on négocie à coup de 10€ comme des marchands de tapis. Parfois l'employeur ne veut même pas déclarer, et alors il faut se battre pour avoir une fiche de paie, courir après les attestations Assédic.

Je ne me plains pas, ce métier de musicien je l'ai choisi et j'en suis fière. Je relève au quotidien le défi de vivre d'un instrument aussi improbable que le clavecin, et pour une intermittente du spectacle, je m'en sors plutôt bien! Mais je m'étonne à chaque fois de constater le peu de valorisation de notre métier par la société actuelle, le faible revenu qu'il génère si l'on prend en compte le niveau d'études et le temps consacré au travail (hormis quelques stars, mais en musique classique elles ne sont pas nombreuses), et l'antipathie quasi générale pour les intermittents du spectacle, dont on s'apprête encore à durcir le régime.

Moi je m'en sors bien, mais combien d'amis autour de moi, musiciens, danseurs, comédiens de talent, ont été éjectés du système parce que ce qu'ils faisaient n'est pas assez lucratif. La source s'est tarie, maintenant ils exercent un autre métier pour gagner leur vie, et ne peuvent plus consacrer 40, 50 ou 60h par semaine à préparer leurs spectacles. C'est fini, leur talent n'irriguera plus notre société qui a tant besoin de rire, de s'émouvoir, de chanter, de s'extasier, de jouir, de vibrer. C'est ce métier que je défends, le beau, grand et noble métier de saltimbanque, un terme méprisable pour certains mais qui sonne chez moi comme un mot d'amour.

Cela dit, heureusement certaines structures valorisent encore le rôle de l'artiste : on vient de m'annoncer sous couvert du secret une grande nouvelle qui ne manquera pas de faire du bruit, il y a une nomination dans l'air et elle me concerne! Mais j'ai promis de ne pas en parler jusqu'à la conférence de presse... restez branchés, vous serez les premiers informés!

vendredi 7 septembre 2007

Mariage de Tania et Paul, Peïra-Cava (04)

Meilleurs voeux de bonheur à Tania et Paul, mariés le 1er septembre à Peïra-Cava (04), que nous avons accompagnés par notre musique en ce jour de bonheur!