Suite pour clavecin de Mars
Port an Deorai, gigues de Alan Stivell
Pe trouz war an douar, noël vannetais
Suite vannetaise pour clavecin électro de Yves Ribis,
1er mouvement, Gwerz Marv Jean Jan
3e mouvement : An-Dro
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Claude Nadeau défriche des trésors cachés
C'est la plus vannetaise des Québécoises: la claveciniste Claude Nadeau joue ce soir à l'Auditorium des Carmes sur le thème "compositeurs vannetais d'hier à aujourd'hui".
Bretons, elle vous a compris! Née à Montréal il y a 33 ans, la Québecoise Claude Nadeau est "tombée dans la marmite bretonne" depuis dix ans. Cette claveciniste est en résidence artistique à Vannes, mais elle cite plus volontiers l'expression bretonne: "Arzourez degemeret, ça veut dire artiste accueillie." Ce soir, elle veut "redonner aux Vannetais ce qui leur appartient". Son concert s'articulera en trois temps. Première partie: elle va jouer deux suites de Charles de Mars, qui a été organiste à la cathédrale de Vannes pendant 45 ans au début du XVIIIe siècle. "Ces trésors cachés font partie de notre patrimoine". Deuxième temps de son concert: elle va jouer deux suites de compositeurs contemporains locaux. Il y aura d'abord une suite de Pierick Houdy, un étellois de 80 ans qui a vécu 25 ans au Québec: ce morceau, "La gigue et la gavotte", n'a été joué qu'une fois, l'année dernière, pour le 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec.
Une musique vivante
Claude Nadeau va aussi interpréter une suite en trois mouvements pour clavecin électrique, écrite par Yves Ribis. Ce guitariste lorientais de 52 ans a beaucoup composé pour Arz Nevez. "Je vais la jouer avec un boucleur, ce qui me permet de jouer en canon avec moi-même. C'est important de montrer que le clavecin n'est pas un instrument de musée". Dans la dernière partie de son concert, Claude Nadeau va réarranger de la musique traditionnelle bretonne: une suite de gigues écossaises d'Alan Stivell, deux suites de Didier Squiban et deux cantiques bretons.
Avec les félicitations des joueurs du Voc!
A ses yeux, c'est le temps fort de sa résidence artistique à Vannes, qui a commencé début 2008 et va durer au moins jusqu'à la fin de l'année. Elle s'est infiltrée dans la vie culturelle locale. Son leitmotiv: "créer des passerelles" et montrer que la musique classique peut plaire à tout le monde. Son dernier projet, mené en collaboration avec le Voc, en est une parfaite illustration: "Le stade est juste à côté, je veux entretenir des rapports de bon voisinage! J'ai invité les joueurs à venir au concert clavecin et percussions du 24 mars. Une dizaine sont venus, ils m'ont dit qu'ils avaient adoré. Il ne faut pas opposer la culture et le sport. On partage des valeurs communes: entraînement intensif, discipline, technique, esprit d'équipe..."
Laurent Guenneugues
article paru dans Ouest-France:
Claude Nadeau dépoussière le clavecin
Claude Nadeau joue les compositeurs vannetais d'hier à aujourd'hui, ce soir aux Carmes. Elle va même amplifier son clavecin et jouer avec une pédale "loop".
La claveciniste québecoise, en résidence artistique à Vannes, ne considère pas son instrument comme une pièce de musée. Ce soir, elle joue classique, contemporain, acoustique et amplifié.
Entretien
Claude Nadeau, cela fait un an et demi que vous êtes en résidence à Vannes. Vous donnez ce soir un concert de clavecin à l'auditorium des Carmes. Quel en est le programme ?
Déjà, c'est le moment fort de cette résidence. J'ai décidé de bâtir le programme autour de trois axes qui me tiennent à coeur : le patrimoine avec des oeuvres de Charles de Mars, organiste de la cathédrale de Vannes et compositeur du XVIIIe siècle ; des compositeurs contemporains vannetais, Yves Ribis et Pierrick Houdy ; et de la musique traditionnelle arrangée pour clavecin. J'ai transcrit des pièces d'Alain Stivell et Didier Squiban. Je vais aussi jouer des cantiques bretons, le cantique du Paradis et un Noël vannetais. C'est de la très belle musique.
Des auteurs contemporains écrivent pour le clavecin ?
L'avantage avec des musiciens contemporains, pour des instrumentistes comme nous qui jouons des compositeurs décédés il y a 300 ans, c'est qu'on peut les rencontrer, échanger, s'en faire des amis. L'écriture devient un projet commun.
Pierick Houdy, par exemple, m'a écrit une oeuvre l'an dernier que j'ai jouée pour le 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec. Je ne l'ai donnée en public qu'une seule fois, là-bas.
Yves Ribis, lui, m'a écrit une suite vannetaise pour clavecin électrique. Le son sera amplifié et j'aurai un pédalier pour enregistrer des sons en direct et les faire tourner en boucle. Du coup, j'aurai les mains libres pour jouer en canon avec moi-même.
C'est la première fois que vous jouez du clavecin avec l'appui de ces technologies ?
Je suis très ouverte à tout ça. Je ne joue pas du clavecin avec une perruque XVIIIe. Ca n'est pas un instrument de musée qui a eu son heure de gloire et qu'on doit laisser prendre la poussière dans un coin. On peut le brancher sur un ampli Marshall.
Pour autant, je ne joue pas de la musique électronique. Le clavecin est équipé de capteurs. On l'amplifie sans déformation en respectant une certaine authenticité. Si Bach revenait, il se servirait de ces technologies pour écrire de la musique.
Quand j'entends des trucs qui me plaisent, je ne vais pas me priver de les jouer parce qu'ils n'ont pas été écrits pour le clavecin. Je transcris la partition. C'est ce que j'ai fait avec des pièces d'Alan Stivell et de Didier Squiban.
Denis Riou