mercredi 25 février 2009
Spécial Salon de l'agriculture
Par Claude Nadeau, mercredi 25 février 2009 à 11:16 :: Un peu de tout
Un jour à l'issue d'un concert où je tenais le continuo en même temps que je dirigeais, quelqu'un du public était venu me dire que je faisais "un continuo tracteur". J'ai failli mal le prendre, d'autant plus que cette personne connaissait la musique, mais elle s'en est expliquée : un continuo qui emmène les autres musiciens, du verbe tracter quoi! Cela m'a fait penser à François Couperin, qui dit dans "L'art de toucher le clavecin":
"Les hommes qui veulent arriver à un certain degré de perfection ne devroient jamais faire aucun exercice pénible de leurs mains. Celles des femmes, par La raison contraire, sont généralement meilleures. J'ai déjà dit, que la souplesse des nerfs contribué beaucoup plus, au bien-joüer, que la force; ma preuve est sensible dans la différence des mains des femmes, à celles des hommes; et de plus, La main gauche des hommes, dont il se servent moins dans les exercices, est communément plus souple au clavecin". Bref, travaux des champs ou plaisirs d'Euterpe, il faut choisir...
L'occasion de relire cet ouvrage de Couperin, dans lequel, comme beaucoup de jeunes clavecinistes, j'appris à apprivoiser cet instrument. En voici un extrait:
Cet instrument a ses propriétés, comme le Violon a les siennes. Si le clavecin n'enfle point ses sons; si les batemens redoublés sur une même note ne lui conviennent pas extrêmement;, il a d'autres avantages, qui sont, La précision, La néteté, Le brillant; Et L'etenduë. On devroit donc prendre un milieu, qui seroit, de pratiquer quelquesfois les légèretés des Sonades, et d'éviter les morceaux lents qui si rencontrent, dont les basses ne sont point faites pour y joindre les parties lutées, et sincopées qui conviennent au clavecin. Mais les François dévorent volontiers Les nouveautés aux dépens du vrai qu'ils croyent saisir mieux que les autres nations. Après tout, il faut demeurer d'accord que les pièces faites exprès pour le clavecin y conviendront toujours mieux que les autres. Cependant dans les légèretés des Sonades, il y a des morceaux que réüssissent assez bien sur cet instrument. Ce sont ceux où le dessus et la basse travaillent toujours. Comme, par exemple, l'allemande cy-après...."
Et pour revenir à l'agriculture, enfin (c'est actuellement le Salon de l'Agriculture à Paris), je dis souvent que le clavecin est un instrument bio : il est comme il est, avec ses limites et ses possibilités, il joue peut-être moins fort en décibels que d'autres instruments, il tient moins bien l'accord parfois, mais pour certaines choses il a peut-être un peu plus de goût, et c'est ainsi qu'on l'aime, parce qu'il est authentique, profondément organique...
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Mots-clés : Couperin , L'Art de toucher le clavecin , Salon de l'Agriculture